De Duthoo, peintre un peu mystérieux qui vit en province sans se soucier de la renommée, on a vu, par ci, par là, dans des salons, des toiles qui avaient arrêté l'oeil par un jeu graphique, tout en grattages, d'une rare souplesse interrompant des constructions d'une couleur toujours sombre. Ces déchirures sont comme une manifestation d'un présent angoissant au milieu du monde figé des mases colorées. Elles introduisent un rythme qui, lorsque nous avons pu voir les toiles sans apprêt, avant le vernissage, induisaient à penser que ce quinquagénaire silencieux introduisait comme sans le savoir des nouveautés dans le langage peint.
Hors de tout soucis d'école, Duthoo travaille comme si le temps ne devait jamais le surprendre. Il a quelque chose d'un maître ignoré qu'on retrouve dans des fouilles après une longue course parmis les sables et le désert de l'actualité.
Et c'est par là même qu'il nous touche de près. Franchissant les barrières étroites du présent, Duthoo peint... comme si de rien n'était. C'est une sorte de sage qui perçoit de loin nos éclats et qui les transfigure dans cette matière étrange, à la fois savante et souffreteuse, brillante et pauvre.Ce très jeune"vieux" donne des renseignements qu'il n'est pas négligeable de méditer.

Source: Musée de poche - N°3 - XII 1959.

Allée Jacques Duthoo
Né et mort à Tours (1910-1960), peintre abstrait, issu d'une famille de commerçants tourangeaux, il fut administrateur de la société des Galeries Duthoo, président de la société "Monoprix". Certaines de ses toiles se trouvent dans les musées d'Oslo, de Berne, de Lausanne et de Tours. C'est son père Arthur Duthoo qui en 1888, a réinstallé "le Grand Bazar", célèbre magasin de la rue Nationale à Tours.

Délibération du 23 avril 1965. Montjoyeux.

 
 
GAZETTE DROUOT 2005

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après le décès de Jacques Duthoo, article de Vincent Kerno
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